Se faire peur à l’étranger, vivre dangereusement, c’est si possible et si bénin à la fois…
Je vais vous parler d’une petite anecdote passée en Australie, il y a de cela un certain temps, maintenant.
En itinérance au pays des kangourous depuis des mois à ce moment, j’avais donc pris mes aises quant à me contraindre à faire des rencontres plus folles, plus dangereuses, plus exquises… Bon j’arrête les énumérations à deux sous, j’enchaîne donc !
Alors que nous séjournions depuis une semaine dans une caravane plutôt bien aménagée, nous décidâmes de traverser l’Australie en voiture, de Melbourne à Darwin. Or, mon compagnon s’étant rendu compte promptement, qu’il n’avait les moyens que de retourner chez ses parents, j’ai donc pris mes sacs et mes claques (quel jeu de mots besogneux !), et ai entrepris ce périple par mes propres moyens. En train.
Ayant manqué notre train pour Melbourne, nous avons donc fait appel à un fermier, afin qu’il nous dépose dans un trou encore plus perdu, duquel nous patientâmes quelques heures, pour finalement atteindre l’agglomération de Melbourne, une petite demie-journée plus tard.
A mon arrivée à Adélaïde, je prenais un billet à bord de l’ « Overland », pour rejoindre le « Ghan » deux jours plus tard, traverser l’Australie et finalement découvrir Darwin.
De Melbourne, je rejoignais deux amis, passai 8 minutes sur le site de "Gumtree" afin de trouver des colocataires à Darwin et ma B.A. était faite !
Le soir, je passai une soirée chez des amis d’amis, qui possédaient deux maisons communicantes, et où les plus grosses soirées de Melbourne avaient lieu. Nous partîmes 5 et nous dispersâmes finalement, pour ne faire que quelques 5 âmes en peine, aux 4 coins de la ville : l’un s’était réfugié dans un bar et perdrait son téléphone, l’autre rentrerait finalement à la maison et se réveillera aux côtés d’une laide inconnue, je me retrouverais seule à cette soirée ; lorsque je m’apercevrai que je ne connaitrai plus personne, (mais quelle importance) et deux d’entre nous sont aujourd’hui encore, portés disparus. J'entrepris de rentrer chez moi à pieds, marchant tout droit pendant quelques heures, dans la direction opposée de ma maison et de celle de mes amis, rencontrant des dizaines de sans-abris dans des parcs plus sombres les uns que les autres, et appelai finalement un taxi, lorsque le jour fît son apparition.
Le lendemain, j’arrivai donc à Adelaïde, le "Ghan" partant le lendemain matin. J’ai dormi dans un motel duquel je me retirerai pour Darwin. La route en train ne me prendrait que 3 jours. Peu importe, je découvrirai les déserts, le sable, les aborigènes et les sandwiches du "Ghan", encore bien pires que ceux de la SNCF !
3 jours plus tard, la sentence tombait. J’attendais patiemment mon taxi, seule, dans cette gare vide et en pleine nuit, non loin de Darwin, avec toute ma vie sur mes épaules et des « sand flies » me suçant des litres de sang, par une douleur insoutenable.
Une heure plus tard, mon taxi arrivait enfin : un jeune homme brun, la peau mate, les yeux verts et les joues creuses, m’accueillait. Je constatai, sur la route, qu’il me regardait avec insistance, dans le rétroviseur, puis il me pressa pour prendre mon numéro de téléphone, afin de me montrer la région, discuter, faire le tour du monde, voler de nos propres ailes, rencontrer Dieu et pour tout cela j’ai tout bu et tout gobé et j’ai tout accepté. J’étais seule, je ne connaissais personne et j’avais envie de parler à quelqu’un (j’avais dit que j’arrêtais les énumérations de fortune ? Bon…).
Le soir-même et donc à la fin de la tournée du chauffeur de taxi (je n’ai jamais compris son nom et de toute façon, on s’en bat l’œil !), ce dernier passa me chercher dans mon nouvel appartement. Nous prîmes la voiture, et Chauffeur m’emmena la nuit, dans des bois, où les arbres se succédaient et se dévoilaient plus nombreux, et menant plus vers l'infini et plus loin au milieu de nulle part. A ce moment, je ne sais pour quelle raison, j’entendis la voix de mon père, surgissant au milieu de la nuit, telle une évidence sans condition : « Mais tu es complètement inconsciente ! ». Il est vrai que je me trouvais à quelques vingtaines de milliers de kilomètres de ma maison, que j’étais seule, que je ne connaissais personne et que même si j’avais envie de parler à quelqu’un, cela allait certainement être la dernière fois, la dernière personne à qui j’allais m’adresser. Par chance, Chauffeur fît demi-tour à un moment donné, me ramena à domicile et disparut à tout jamais, lui aussi. Par principe pourtant, j’avais essayé de le joindre au téléphone, mais étonnamment, son répondeur était saturé. Il n'avait certainement pas survécu.
Heureusement pour ma personne, une bonne étoile m’a joué un tour ou pas, je ne sais, mais si vous vous retrouvez dans ma situation, entendez-donc et écoutez la voix mon père !
Allez, c’était simplement une anecdote juste pour sourire. Maintenant, allez bosser un peu !
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 33 autres membres